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fut une prison destinée à le venger des outrages que lui faisoient ses malheureux sujets.

Telle est la véritable origine des idées sur la vie future si répandues parmi les hommes. Nous voyons par-tout un Elysée & un Tartare, un Paradis & un Enfer, en un mot deux séjours distingués, construits d’après l’imagination des enthousiastes ou des fourbes qui les inventèrent, & accommodés aux préjugés, aux idées, aux espérances & aux craintes des peuples qui les crurent. Les indiens se figurèrent le premier de ces séjours comme celui de l’inaction & d’un repos permanent, parce qu’habitans d’un climat brûlant, ils virent dans le repos la félicité suprême ; les musulmans s’y promirent des plaisirs corporels, semblables à ceux qui font actuellement les objets de leurs vœux ; les chrétiens esperèrent en gros des plaisirs ineffables & spirituels, en un mot un bonheur dont ils n’eurent aucune idée.

De quelque nature que fussent ces plaisirs, les hommes comprirent qu’il falloit un corps pour que leur ame put en jouir ou pour éprouver les peines réservées aux ennemis de la divinité ; de là le dogme de la résurrection, par lequel on supposa que ce corps, que l’on voyoit devant ses yeux se pourrir, se décomposer, se dissoudre, se recomposeroit un jour par un effet de la toute-puissance divine, pour former de nouveau une enveloppe à l’ame, afin de recevoir conjointement avec elle les récompenses & les châtimens que tous deux auroient mérité durant leur union primitive[1]. Cette incompréhensible opinion,

  1. Le dogme de la Résurrection paroît au fond inutile à tous ceux qui croient à l’existence des ames sentantes, pensantes, souf-