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par eux mêmes, ſoit médiatement ou par l’intervention d’autres corps, n’exiſtent point pour nous, puisqu’ils ne peuvent ni nous remuer, ni parconſéquent nous fournir des idées, ni être connus & jugés par nous. Connoître un objet, c’eſt l’avoir ſenti ; le ſentir, c’eſt en avoir été remué. Voir, c’eſt être remué par l’organe de la vue ; entendre, c’eſt être frappé par l’organe de l’ouie ; &c. Enfin de quelque maniere qu’un corps agiſſe ſur nous, nous n’en avons connoiſſance que par quelque changement qu’il a produit en nous.

La nature, comme on a dit, eſt l’aſſemblage de tous les êtres & de tous les mouvemens que nous connoiſſons, ainſi que de beaucoup d’autres que nous ne pouvons connoître parcequ’ils ſont inacceſſibles à nos ſens. De l’action & de la réaction continuelle de tous les êtres que la nature renferme, il réſulte une ſuite de cauſes & d’effets ou de mouvemens, guidés par des loix constantes & invariables, propres à chaque être, néceſſaires ou inhérentes à ſa nature particulière qui font toujours qu’il agit ou qu’il ſe meut d’une façon déterminée ; les différens principes de chacun de ces mouvemens nous ſont inconnus, parceque nous ignorons ce qui conſtitue primitivement les eſſences de ces êtres ; les élémens des corps échapent à nos organes, nous ne les connoiſſons qu’en masse, nous ignorons leurs combinaiſons intimes, les proportions de ces mêmes combinaiſons, d’où doivent néceſſairement réſulter des façons d’agir, des mouvemens ou des effets très différens.

Nos ſens nous montrent en général deux ſortes de mouvemens dans les êtres qui nous entourent ; l’un eſt un mouvement de maſſe par lequel un