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N’accusons donc point la nature d’être inexorable pour nous ; il n’existe point en elle de maux dont elle ne fournisse le remède à ceux qui ont le courage de le chercher & de l’appliquer. Cette nature suit des loix générales & nécessaires dans toutes ses opérations ; le mal physique & le mal moral ne sont point dûs à sa méchanceté, mais à la nécessité des choses. Le mal physique est le dérangement produit dans nos organes par les causes physiques que nous voyons agir ; le mal moral est le dérangement produit en nous par des causes physiques dont le jeu est un secret pour nous. Ces causes finissent toujours par produire des effets sensibles ou capables de frapper nos sens ; les pensées & les volontés des hommes ne se montrent que par les effets marqués qu’elles produisent en eux-mêmes, ou sur les êtres que leur nature rend susceptibles de les sentir. Nous souffrons, parce qu’il est de l’essence de quelques êtres de déranger l’oeconomie de notre machine ; nous jouissons parce que les propriétés de quelques êtres sont analogues à notre façon d’exister ; nous naissons, parce qu’il est de la nature de quelques matières de se combiner sous une forme déterminée ; nous vivons, nous agissons, nous pensons, parce qu’il est de l’essence de certaines combinaisons d’agir & de se maintenir dans l’existence par des moyens donnés, pendant une durée fixée : enfin nous mourons, parce qu’une loi nécessaire prescrit à toutes les combinaisons qui se sont faites de se détruire ou de se dissoudre. De tout cela il résulte que la nature est impartiale pour toutes ses productions ; elle nous soumet comme tous les autres êtres à des loix éternelles dont elle n’a pu nous