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doivent agir. De quelque nature que soit l’ame, soit qu’on la fasse mortelle, soit qu’on la suppose immortelle, soit qu’on la regarde comme un esprit, soit qu’on la regarde comme une portion du corps, je trouverai cette ame noble, grande & sublime dans Socrate, Aristide & Caton. Je l’appellerai une ame de boue dans Claude, dans Séjan, dans Néron. J’admirerai son énergie & son jeu dans Corneille, dans Newton, dans Montesquieu : je gémirai de sa bassesse en voyant des hommes vils qui encensent la tyrannie, ou qui rampent servilement aux pieds de la superstition.

Tout ce qui vient d’être dit dans le cours de cet ouvrage nous prouve clairement que tout est nécessaire. Tout est toujours dans l’ordre rélativement à la nature, où tous les êtres ne font que suivre les loix qui leur sont imposées. Il est entré dans son plan que de certaines terres produiroient des fruits délicieux, tandis que d’autres ne fourniroient que des épines, des végétaux dangereux. Elle a voulu que quelques sociétés produisissent des sages, des héros, des grands hommes ; elle a réglé que d’autres ne feroient naître que des hommes abjects, sans énergie & sans vertus. Les orages, les vents, les tempêtes, les maladies, les guerres, les pestes & la mort sont aussi nécessaires à sa marche que la chaleur bienfaisante du soleil, que la sérénité de l’air, que les pluies douces du printems, que les années fertiles, que la santé, que la paix, que la vie ; les vices & les vertus, les ténèbres & la lumière, l’ignorance & la science sont également nécessaires ; les uns ne sont des biens, les autres ne sont des maux que pour des êtres particuliers dont ils favorisent ou dérangent la façon d’exister : le tout