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riences multipliées & compliquées, que le vice de leur conformation & de leurs circonstances empêchent souvent beaucoup d’hommes de faire, ou du moins de faire exactement.

Par une suite nécessaire de cette même vérité le systême du fatalisme ne tend point à nous enhardir au crime & à faire disparoitre les remords, comme souvent on l’en accuse. Nos penchans sont dûs à notre nature ; l’usage que nous faisons de nos passions dépend de nos habitudes, de nos opinions, des idées que nous avons reçues dans notre éducation & dans les sociétés où nous vivons. Ce sont nécessairement ces choses qui décident de notre conduite. Ainsi quand notre tempérament nous rendra susceptibles de passions fortes, nous serons emportés dans nos desirs, quelque soient nos spéculations. Les remords sont des sentimens douloureux excités en nous par le chagrin que nous causent les effets présens ou futurs de nos passions ; si ces effets sont toujours utiles pour nous, nous n’avons point de remords ; mais dès que nous sommes assûrés que nos actions nous rendront haïssables ou méprisables aux autres, ou dès que nous craignons d’en être punis d’une manière ou d’une autre, nous sommes inquiets & mécontens de nous-mêmes, nous nous reprochons notre conduite, nous en rougissons au fond du cœur, nous appréhendons les jugemens des êtres, à l’estime, à la bienveillance, à l’affection desquels nous avons appris & nous sentons que nous sommes intéressés. Notre propre expérience nous prouve que le méchant est un homme odieux pour tous ceux sur qui ses actions influent ; si ces actions sont cachées, nous sçavons qu’il est rare qu’elles puissent l’être toujours. La