Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

répéter, ne sont si portés au mal que parce que tout semble les y pousser. Leur éducation est nulle dans la plûpart des états ; l’homme du peuple n’y reçoit d’autres principes que ceux d’une religion inintelligible, qui n’est qu’une foible barrière contre les penchans de son cœur. Envain la loi lui crie de s’abstenir du bien d’autrui, ses besoins lui crient plus fort qu’il faut vivre aux dépens de la société qui n’a rien fait pour lui & qui le condamne à gémir dans l’indigence & la misére ; privé souvent du nécessaire, il se venge par des vols, des larcins, des assassinats ; au risque de sa vie il cherche à satisfaire soit ses besoins réels, soit les besoins imaginaires que tout conspire à exciter dans son cœur. L’éducation qu’il n’a point reçue ne lui a point appris à contenir la fougue de son tempérament ; sans idées de décence, sans principes d’honneur, il se promet de nuire à une partie qui n’est qu’une marâtre pour lui ; dans ses emportemens il ne voit plus le gibet même qui l’attend ; d’ailleurs ses penchans sont devenus trop forts, ses habitudes invétérées ne peuvent plus se changer, la paresse l’engourdit, le désespoir l’aveugle, il court à la mort, & la société le punit avec rigueur des dispositions fatales & nécessaires qu’elle a fait naître en lui, ou du moins qu’elle n’a pas convenablement déracinées & combattues par les motifs les plus propres à donner à son cœur des inclinations honnêtes. Ainsi la société punit souvent les penchans que la société fait naître, ou que sa négligence fait germer dans les esprits ; elle agit comme ces pères injustes qui châtient leurs enfans des défauts qu’ils leur ont eux-mêmes fait contracter.