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peut effrayer & punir, en vue de sa conservation ceux qui seroient tentés de lui nuire, ou qui commettent des actions qu’elles reconnoit vraiment nuisibles à son repos, à sa sûreté, à son bonheur.

On nous dira, sans doute, que la société ne punit pas pour l’ordinaire les fautes aux quelles la volonté n’a point de part ; c’est cette volonté seule que l’on punit ; & c’est elle qui décide du crime & de son atrocité, & si cette volonté n’est point libre on ne doit point la punir. Je réponds que la société est un assemblage d’êtres sensibles, susceptibles de raison, qui désirent le bien-être & qui craignent le mal. Ces dispositions font que leurs volontés peuvent être modifiées ou déterminées à tenir la conduite qui les méne à leurs fins. L’éducation, la loi, l’opinion publique, l’exemple, l’habitude, la crainte sont des causes qui doivent modifier les hommes, influer sur leurs volontés, les faire concourir au bien général, régler leurs passions, & contenir celles qui peuvent nuire au but de l’association. Ces causes sont de nature à faire impression sur tous les hommes, que leur organisation & leur essence mettent à portée de contracter les habitudes, les façons de penser & d’agir qu’on leur veut inspirer. Tous les êtres de notre espece sont susceptibles de crainte, dès lors la crainte d’un châtiment, ou de la privation du bonheur qu’ils désirent, est un motif qui doit nécessairement influer plus ou moins sur leurs volontés & leurs actions. Se trouve-t-il des hommes assez mal constitués pour résister ou pour être insensibles aux motifs qui agissent sur tous les autres, ils ne sont point propres à vivre en société, ils contrarieroient le but de l’association, ils en se-