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Notre volonté est souvent suspendue entre deux objets dont la présence ou l’idée nous remuent alternativement ; alors nous attendons pour agir que nous ayons contemplé les objets qui nous sollicitent à des actions différentes, ou les idées qu’ils ont laissées dans notre cerveau. Nous comparons alors ces objets ou ces idées, mais dans le tems même de la délibération, durant la comparaison & ces alternatives d’amour ou de haine qui se succedent quelquefois avec la plus grande rapidité nous ne sommes point libres un instant, le bien ou le mal que nous croyons trouver successivement dans les objets sont des motifs nécessaires de ces volontés momentanées, de ces mouvemens rapides d’amour ou de crainte que nous éprouvons tant que dure notre incertitude. D’où l’on voit que la délibération est nécessaire, que l’incertitude est nécessaire, & quelque parti que nous prenions à la suite de la délibération, ce sera toujours nécessairement celui que nous aurons bien ou mal jugé devoir probablement être le plus avantageux pour nous.

Lorsque l’ame est frappée par deux motifs qui agissent alternativement sur elle ou qui la modifient successivement, elle délibére ; le cerveau est dans une espece d’équilibre accompagné d’oscillations perpétuelles tantôt vers un objet & tantôt vers un autre jusqu’à ce que l’objet, qui l’entraîne le plus fortement, le tire de cette suspension qui constitue l’indécision de notre volonté. Mais lorsque le cerveau est poussé à la fois par des causes également fortes qui le meuvent suivant des directions opposées, d’après la loi générale de tous les corps, quand ils sont frappés également par des forces contraires, il s’arrête, il est in nisu, il