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S’il existoit dans la nature un être vraiment capable de se mouvoir par sa propre énergie, c’est-à-dire de produire des mouvemens indépendans de toutes les autres causes, un pareil être auroit le pouvoir d’arrêter lui seul ou de suspendre le mouvement dans l’univers, qui n’est qu’une chaîne immense & non interrompue de causes liées les unes aux autres, agissantes & réagissantes par des loix nécessaires & immuables, loix qui ne peuvent être altérées ou suspendues sans que les essences & les propriétés de toutes les choses soient changées ou même anéanties. Dans le systême général du monde nous ne voyons qu’une longue suite de mouvemens reçus & communiqués de proche en proche par les êtres mis à portée d’agir les uns sur les autres ; c’est ainsi que tout corps est mû par quelque corps qui le frappe ; les mouvemens cachés de notre ame sont dûs à des causes cachées au dedans de nous-mêmes ; nous croyons qu’elle se meut d’elle-même, parce que nous ne voyons point les ressorts qui la remuent, ou parce que nous supposons ces mobiles incapables de produire les effets que nous admirons ; mais concevons-nous beaucoup mieux comment une étincelle en allumant de la poudre est capable de produire les terribles effets que nous appercevons ? La source de nos erreurs vient de ce que nous regardons notre corps comme de la matiere brûte & inerte, tandis que ce corps est une machine sensible, qui a nécessairement la conscience momentanée dans l’instant qu’elle reçoit une impression, & qui a la conscience du moi par la mémoire des impressions successivement éprouvées ; mémoire qui ressuscitant une impression antérieurement reçue, ou arrêtant comme fixe, ou faisant durer une impression qu’on reçoit, tandis qu’on y en