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est des pays où les actions les plus louables paroissent très blâmables & très ridicules, & où les actions les plus noires passent pour-être honnêtes & sensées[1].

L’autorité se croit communément intéressée à maintenir les opinions reçues ; les préjugés & les erreurs qu’elle juge nécessaires pour assurer son pouvoir, sont soutenus par la force, qui jamais ne raisonne. Des princes remplis eux-mêmes de fausses idées de bonheur, de puissance, de grandeur, & de gloire, sont entourés par des courtisans flatteurs, intéressés à ne jamais détromper leurs maîtres ; ces hommes avilis ne connoissent la vertu que pour l’outrager, & peu-à-peu ils corrompent le peuple, qui se voit obligé à se prêter aux vices de la grandeur, & qui se fait un mérite de l’imiter dans ses déréglemens. Les cours sont les vrais foyers de la corruption des peuples.

Voilà la véritable source du mal moral. C’est ainsi que tout conspire à rendre les hommes vicieux, à donner à leurs ames des impulsions fatales, d’où résulte un désordre général dans la société, qui devient malheureuse par le malheur de presque tous les membres qui la composent. Les mobiles les plus forts s’accordent à nous inspirer des passions pour des objets futiles ou indifférens pour nous-mêmes, & qui deviennent dangereux à nos semblables par les moyens que nous sommes

  1. Dans quelgues nations l’on assomme les yieillards, & les enfans étranglent leurs Peres. Les Phéniciens & les Carthaginois immoloient leurs enfans à leur Dieu. Les Europeens approuvent les Duels, & regardent celui qui refuse d’en égorger un autre comme un homme déshonoré. Les Espagnols & les portugais trouvent très-honnête de brûler un hérétique. Les Chrétiens pensent qu’il est tres-legitime d’égorger pour des opinions. Dans quelques pays les femmes se prostituent sans deshonneur, &c. &c,.&c.