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de leurs loix, de leurs opinions religieuses, de leurs institutions sensées ou déraisonnables. En un mot les mœurs sont les habitudes des peuples : ces mœurs sont bonnes dès qu’il en résulte un bonheur solide & véritable pour la société : & malgré la sanction des loix, de l’usage, de la religion, de l’opinion publique & de l’exemple, ces mœurs peuvent être détestables aux yeux de la raison, quand elles n’ont pour elles que le suffrage de l’habitude & du préjugé qui consultent rarement l’expérience & le bon sens. Il n’y a pas d’action abominable qui n’ait, ou qui n’ait eu des applaudissemens dans quelque nation. Le parricide, le sacrifice des enfans, le vol, l’usurpation, la cruauté, l’intolérance, la prostitution ont été des actions licites, & même louables & méritoires chez quelques peuples de la terre. La religion sur-tout a consacré les usages les plus révoltans, & les plus déraisonnables.

Les passions étant les mouvemens d’attraction & de répulsion dont la nature rend l’homme susceptible pour les objets qui lui paroissent utiles ou nuisibles, peuvent être retenues par les loix & dirigées par le gouvernement, qui tient l’aimant propre à les faire agir. Toutes les passions se bornent toujours à aimer ou à haïr, à chercher ou à fuir, à désirer ou à craindre. Ces passions nécessaires à la conservation de l’homme sont une suite de son organisation, & se montrent avec plus ou moins d’énergie suivant son tempérament ; l’éducation ou l’habitude les développent & les modifient, & le gouvernement les tourne vers les objets qu’il se croit intéressé à faire desirer aux sujets qui lui sont soumis. Les différens noms que l’on donne aux passions sont relatifs aux différens