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les uns aux autres, sans cela ils vivroient isolés. D’où l’on voit que cette inégalité, dont souvent nous nous plaignons à tort, & l’impossibilité où chacun de nous se trouve de travailler efficacement tout seul à se conserver & à se procurer le bien-être, nous mettent dans l’heureuse nécessité de nous associer, de dépendre de nos semblables, de mériter leurs secours, de les rendre favorables à nos vues, de les attirer à nous pour écarter par des efforts communs ce qui pourroit troubler l’ordre dans notre machine. En conséquence de la diversité des hommes & de leur inégalité, le foible est forcé de se mettre sous la sauve-garde du plus fort ; c’est elle qui oblige celui-ci à recourir aux lumieres, aux talens, à l’industrie du plus foible, lorsqu’il les juge utiles pour lui-même, cette inégalité naturelle fait que les nations distinguent les citoyens qui leur rendent des services, & en raison de leurs besoins, honorent & récompensent les personnes dont les lumieres, les bienfaits, les secours & les vertus leur procurent des avantages réels ou imaginaires, des plaisirs, des sensations agréables en tout genre ; c’est par elle que le génie prend de l’ascendant sur les hommes & force des peuples entiers à reconnoître son pouvoir. Ainsi la diversité & l’inégalité des facultés tant corporelles que mentales, ou intellectuelles rendent l’homme nécessaire à l’homme, le rendent sociable, & lui prouvent évidemment la nécessité de la morale.

D’après la diversité de leurs facultés les êtres de notre espece se partagent en différentes classes suivant les effets qu’ils produisent, & suivant les différentes qualités que l’on remarque en eux, qui découlent des propriétés individuelles de leurs