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modifications constantes ou passagéres de l’organe intérieur qui fait agir les êtres de l’espece humaine.

En un mot, comme nous aurons bientôt occasion de le prouver, toutes les facultés intellectuelles, c’est-à-dire, toutes les façons d’agir que l’on attribue à l’ame, se réduisent à des modifications, à des qualités, à des façons d’être, à des changemens produits par le mouvement dans le cerveau, qui est visiblement en nous le siege du sentiment, & le principe de toutes nos actions. Ces modifications sont dues aux objets qui frappent nos sens, dont les impulsions se transmettent au cerveau, ou bien aux idées que ces objets y ont fait naître & qu’il a le pouvoir de reproduire ; celui-ci se meut donc à son tour, réagit sur lui-même & met en jeu les organes qui viennent se concentrer en lui, ou qui plutôt ne sont qu’une extension de sa propre substance. C’est ainsi que les mouvemens cachés de l’organe intérieur se rendent sensibles au dehors par des signes visibles. Le cerveau, affecté par une modification que nous nommons la crainte, excite un tremblement dans les membres, & répand la pâleur sur le visage. Ce cerveau affecté d’un sentiment de douleur fait sortir des larmes de nos yeux, même sans qu’aucun objet le remue ; une idée qu’il se retrace fortement suffit pour qu’il éprouve des modifications très vives qui influent visiblement sur toute la machine.

En tout cela nous ne voyons qu’une même substance qui agit diversement dans ses différentes parties. Si l’on se plaint que ce méchanisme ne suffit pas pour expliquer le principe des mouvemens ou des facultés de notre ame, nous dirons