Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée

lui-même, & de considérer les changemens ou les mouvemens qui se passent en lui ou ses propres opérations, ce qui lui donne de nouvelles perceptions & de nouvelles idées. C’est l’exercice de ce pouvoir de se replier sur lui-même que l’on nomme réflexion.

D’où l’on voit que penser & réfléchir c’est sentir ou appercevoir en nous-mêmes les impressions, les sensations, les idées que nous donnent les objets qui agissent sur nos sens, & les divers changemens que notre cerveau ou organe intérieur produit sur lui-même.

La mémoire est la faculté que l’organe intérieur a de renouveller en lui-même les modifications qu’il a reçues, ou de se remettre dans un état semblable à celui où l’ont mis les perceptions, les sensations, les idées que les objets extérieurs ont produites en lui, & dans l’ordre qu’il les a reçues, sans nouvelle action de la part de ces objets, ou même lorsque ces objets sont absens. Notre organe intérieur apperçoit que ces modifications sont les mêmes que celles qu’il a ci-devant éprouvées à la présence des objets auxquels il les rapporte ou les attribue. La mémoire est fidèle lorsque ces modifications sont les mêmes, elle est infidèle lorsqu’elles diffèrent de celles que l’organe a antérieurement éprouvées.

L’imagination n’est en nous que la faculté que le cerveau a de se modifier ou de se former des perceptions nouvelles, sur le modèle de celles qu’il a reçues par l’action des objets extérieurs sur ses sens. Notre cerveau ne fait alors que combiner des idées qu’il a reçues & qu’il se rappelle, pour en former un ensemble ou un amas de modifica-