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ses à mon cerveau, c’est-à-dire, en combinant toutes les sensations, les perceptions & les idées que j’ai reçues, j’ai l’idée d’un tout que je désigne sous le nom de pêche, dont ma pensée peut s’occuper ou dont j’ai une notion[1].

Ce qui vient d’être dit suffit pour nous montrer la génération des sensations, des perceptions & des idées & leur association ou liaison dans le cerveau : on voit que ces différentes modifications ne sont que des suites des impulsions successives que nos organes extérieurs transmettent à notre organe intérieur, qui jouit de ce que nous appellons la faculté de penser, c’est-à-dire, d’appercevoir en lui-même ou de sentir les différentes modifications ou idées qu’il a reçues, de les combiner & de les séparer, de les étendre & de les restreindre, de les comparer, de les renouveller, etc. D’où l’on voit que la pensée n’est que la perception des modifications que notre cerveau a reçues de la part des objets extérieurs, ou qu’il se donne à lui-même.

En effet, non seulement notre organe intérieur apperçoit les modifications qu’il reçoit du dehors, mais encore il a le pouvoir de se modifier

  1. Ce qui vient d’être dit prouve que la pensée a un commencement, une durée, une fin ; ou bien une génération, une succession, une dissolution, comme tous les autres modes de la matiere ; comme eux la pensée est excitée, déterminée, accrue, divisée, composée, simplifiée &c. Cependant si l’Ame, ou le principe qui pense, est indivisible, comment cette ame peut-elle penser successivement, diviser, abstraire, combiner, étendre ses idées, les retenir & les perdre, avoir de la mémoire & oublier ? Comment cesse-t-elle de penser ? Si les formes paraissent divisibles dans la matiere, ce n’est qu’en la considérant par abstraction, à la façon des Géomètres, mais cette divisibilité des formes n’existe point dans la nature où. il n’y a point ni atome ni forme parfaitement régulieres. Il faut donc en conclure que les formes de la matiere ne sont pas moins indivisibles que la Pensée.