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de distinguer les changemens particuliers qui se font dans une partie de son corps. Enfin lorsqu’un grand nombre de causes agissent à la fois & trop vivement sur l’homme, il succombe, il tombe en défaillance, il perd la connoissance, il est privé du sentiment.

En général le sentiment n’a lieu que lorsque le cerveau peut distinguer les impressions faites sur les organes ; c’est la secousse distincte, ou la modification marquée qu’il éprouve, qui constitue la conscience[1]. D’où l’on voit que le sentiment est une façon d’être ou changement marqué produit dans notre cerveau à l’occasion des impulsions que nos organes reçoivent, soit de la part des causes extérieures soit de la part des causes intérieures qui les modifient d’une façon durable ou momentanée. En effet sans qu’aucun objet extérieur vienne remuer les organes de l’homme il se sent lui-même, il a la conscience des changemens qui s’opérent en lui ; son cerveau est alors modifié, ou bien il se renouvelle des modifications antérieures. N’en soyons point étonnés ; dans une machine aussi compliquée que le corps humain, dont les parties sont cependant toutes contigues au cerveau, celui-ci doit être nécessairement averti des chocs, des embarras, des changemens qui surviennent dans un tout, dont les parties sensibles de la nature sont dans une action & une réaction continuelles & viennent toutes se concentrer en lui.

Lorsqu’un homme éprouve les douleurs de la

  1. Selon le Dr Clarke, “la conscience est l’acte réfléchie par le moyen duquel je sçai que je pense, & que mes pensées ou mes actions sont à moi & non pas à un autre.” V. sa lettre contre Dodwel.