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Quoiqu’il en soit la sensibilité du cerveau & de toutes ses parties est un fait. Si l’on nous demande d’où vient cette propriété ? Nous dirons qu’elle est le résultat d’un arrangement, d’une combinaison propre à l’animal, ensorte qu’une matiere brute & insensible cesse d’être brute pour devenir sensible en s’animalisant, c’est-à-dire, en se combinant & s’identifiant avec l’animal. C’est ainsi que le lait, le pain & le vin se changent en la substance de l’homme qui est un être sensible ; ces matieres brutes deviennent sensibles en se combinant avec un tout sensible. Quelques philosophes pensent que la sensibilité est une qualité universelle de la matiere, dans ce cas il seroit inutile de chercher d’où lui vient cette propriété que nous connoissons par ses effets. Si l’on admet cette hypothese, de même qu’on distingue en nature deux sortes de mouvemens, l’un connu sous le nom de force vive, & l’autre sous le nom de force morte, on distinguera deux sortes de sensibilité ; l’une active ou vive & l’autre inerte ou morte, & alors animaliser une substance ce ne sera que détruire les obstacles qui l’empêchent d’être active & sensible. En un mot la sensibilité est ou une qualité qui se communique comme le mouvement & qui s’acquiert par la combinaison, ou cette sensibilité est une qualité inhérente à toute matiere, & dans l’un & l’autre cas, un être inétendu, tel que l’on suppose l’ame humaine, ne peut en être le sujet[1].

  1. “Toutes les parties de la nature peuvent parvenir à l’animation ; l’opposition est seulement d’état & non de nature...... Si l’on demande ce qui est nécessaire pour animer un corps ? Je répons qu’il ne faut rien d’étranger, & qu’il suffit de la puissance de la nature jointe à l’organisation. La vie est la perfection de la nature, elle n’a point de parties qui n’y tendent & qui n’y parviennent par la même voie..... L’acte de la vie est équivoque. Vivre dans un insecte, un chien, un homme ne signifie