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dire, qu’un grand nerf ou qui ressemble à un grand arbre, dont les rameaux éprouvent l’action des racines, communiquée par le tronc. Dans l’homme les nerfs viennent se réunir & se perdre dans le cerveau ; ce viscere est le vrai siege du sentiment ; celui-ci, de même que l’araignée que nous voyons suspendue au centre de sa toile est promptement averti de tous les changemens marqués qui surviennent aux corps, jusqu’aux extrémités duquel il envoie ses filets ou rameaux. L’expérience nous démontre que l’homme cesse de sentir dans les parties de son corps dont la communication avec le cerveau se trouve interceptée ; il sent imparfaitement ou ne sent point du tout dès que cet organe lui-même est dérangé ou trop vivement affecté[1].

  1. Les mémoires de l’académie royale des sciences de Paris, nous fournissent des preuves de ce qu’on avance ici, ils nous parlent d’un homme à qui on avoit enlevé le crâne, à la place duquel son cerveau s’étoit recouvert de peau, à mesure que pressoit avec la main sur son cerveau, l’homme tomboit dans uns espece de léthargie qui le privoit de tout sentiment. Cette expérience est dûe à Mr. de la Peyronie. Borelli, dans son traité de motu animalium, appelle le cerveau Regia anima. II y a tout lieu de croire que c’est sûr-tout dans le cerveau que consiste la différence qui se trouve non-seulement entre l’homme & les bêtes, mais encore entre un homme d’esprit & un sot, entre un homme qui pense & un ignorant, entre un homme sensé & un fou. Bartolin dit que le cerveau de l’homme est double de celui d’un bœuf ; observation qu’Aristote avoit déja faite avant lui. Willis, ayant disséqué le cadavre d’un imbécille, lui trouva le cerveau plus petit qu’à l’ordinaire ; il dit que la plus grande différence qu’il ait remarqué entre les parties du corps de cet imbécille & celles d’un homme àgé, c’est que le plexus.du nerf intercostal (qu’il a dit être l’entremetteur entre le cœur & le cerveau, & particulier à l’homme) étoit fort petit, & accompagné d’un plus petit nombre de nerfs qu’à l’ordinaire. Suivant le même Willis le singe est de tous les animaux celui dont le cerveau est le plus grand, relativement à sa taille ; aussi c’est, aprés l’homme, celui qui a le plus d’intelligence. V. Willis Anatom. cerebrio C. 26, idem Nervor. descriptio C. 26. L’on a de plus remarqué que les personnes accoutumées à faire usage de leurs facultés intellectuelles, ont le cerveau plus étendu que les autres, de même que l’on a remarqué que les rameurs ont les bras beaucoup plus gros que les autres hommes.