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nerfs répandus dans toutes les parties du corps humain : c’est à l’aide de cet organe intérieur que se font toutes les opérations que l’on attribue à l’ame ; ce sont des impressions, des changemens, des mouvemens communiqués aux nerfs qui modifient le cerveau ; en conséquence il réagit, & met en jeu les organes du corps, ou bien il agit sur lui-même & devient capable de produire au dedans de sa propre enceinte une grande variété de mouvemens, que l’on a désignés sous le nom de facultés intellectuelles.

D’où l’on voit que c’est de ce cerveau que quelques penseurs ont voulu faire une substance spirituelle. Il est évident que c’est l’ignorance qui a fait naître & accrédité ce systême si peu naturel. C’est pour n’avoir point étudié l’homme que l’on a supposé dans lui un agent d’une nature différente de son corps : en examinant ce corps on trouvera que pour expliquer tous les phénomenes qu’il présente, il est très inutile de recourir à des hypotheses qui ne peuvent jamais que nous écarter du droit chemin. Ce qui met de l’obscurité dans cette question c’est que l’homme ne peut se voir lui-même ; en effet il faudroit pour cela qu’il fut à la fois en lui & hors de lui. Il peut être comparé à une harpe sensible qui rend des sons d’elle-même & qui se demande qu’est-ce qui les lui fait rendre ; elle ne voit pas qu’en sa qualité d’être sensible elle se pince elle-même & qu’elle est pincée & rendue sonore par tout ce qui la touche.

Plus nous ferons d’expériences & plus nous aurons occasion de nous convaincre que le mot esprit ne présente aucun sens, même à ceux qui