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subir les causes extérieures qui influent sur lui ; elle jouit & elle souffre conjointement avec lui, elle partage ses plaisirs & ses peines ; elle est saine, lorsque le corps est sain, elle est malade lorsque le corps est accablé par la maladie ; elle est, ainsi que lui, continuellement modifiée par les différens dégrés de pesanteur de l’air, par les variétés des saisons, par les alimens qui entrent dans l’estomac ; enfin nous ne pouvons nous empêcher de reconnoître que dans quelques périodes elle montre les signes visibles de l’engourdissement, de la décrépitude & de la mort.

Malgré cette analogie ou plutôt cette identité continuelle des états de l’ame & du corps, on a voulu les distinguer pour l’essence, & l’on a fait de cette ame un être inconcevable dont, pour s’en former quelque idée, l’on fut pourtant obligé de recourir à des êtres matériels & à leur façon d’agir. En effet le mot esprit ne nous présente d’autre idée que celle du soufle, de la respiration, du vent ; ainsi quand on nous dit que l’ame est un esprit, cela signifie que sa façon d’agir est semblable à celle du soufle qui invisible lui-même, opere des effets visibles, ou qui agit sans être vu. Mais le soufle est une cause matérielle, c’est de l’air modifié ; ce n’est point une substance simple telle que celle que les modernes désignent sous le nom d’ esprit[1].

  1. (24) Le mot hébreu Rovah signifie spiritus, spiraculum vitæ, soufle, respiration. Le mot grec ΠΝΕΥΜΑ signifie la même chose & vient de ΠΝΕΥΩ, spiro. Lactance prétend que le mot latin anima vient du mot grec Ανερος qui signifie vent. Quelques philosophes, craignant, sans doute, de voir trop clair dans la nature humaine, l’ont fait triple, & ont prétendu que l’homme étoit composé de corps, d’ame & d’entendement ; Σωμα, ψυχη, Νους. V. Marc Antonin, Lib. III. §. 16.