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propres à faire éclore des générations toutes nouvelles, qui n’auront rien de commun avec celles des especes existantes à présent ? Quelle absurdité ou quelle inconséquence y a-t-il donc à imaginer que l’homme, le cheval, le poisson, l’oiseau ne seront plus ? Ces animaux sont-ils donc d’une nécessité indispensable à la nature, & ne pourroit-elle sans eux continuer sa marche éternelle ? Tout ne change-t-il pas autour de nous ? Ne changeons-nous pas nous-mêmes ? N’est-il pas évident que l’univers entier n’a pas été dans son éternelle durée antérieure, rigoureusement le même qu’il est, & qu’il n’est pas possible que dans son éternelle durée postérieure il soit à la rigueur un instant le même qu’il est ? Comment donc prétendre deviner ce que la succession infinie de destructions & de réproductions, de combinaisons & de dissolutions, de métamorphoses, de changemens, de transpositions pourra par la suite amener ? Des soleils s’éteignent & s’encroûtent, des planetes périssent & se dispersent dans les plaines des airs ; d’autres soleils s’allument, de nouvelles planetes se forment pour faire leurs révolutions ou pour décrire de nouvelles routes, & l’homme, portion infiniment petite d’un globe, qui n’est lui-même qu’un point imperceptible dans l’immensité, croit que c’est pour lui que l’univers est fait, s’imagine qu’il doit être le confident de la nature, se flatte d’être éternel, se dit le roi de l’univers !

O homme ! Ne concevras-tu jamais que tu n’es qu’un éphémère ? Tout change dans l’univers ; la nature ne renferme aucunes formes constantes ; & tu prétendrois que ton espece ne peut point disparoître, & doit être exceptée de la loi générale qui veut que tout s’altère ! Hélas ; dans ton