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aura-t-il pour ſon ſemblable ? Ne doit-il pas s’imaginer que le moyen le plus sûr de lui plaire, eſt d’être auſſi féroce que lui[1] ?

Au moins eſt-il évident que les ſectateurs d’un dieu pareil doivent avoir une morale incertaine, et dont les principes n’ont aucune fixité. En effet, ce dieu n’eſt point toujours injuſte et cruel ; ſa conduite varie ; tantôt il crée la nature entiere pour l’homme ; tantôt il ne ſemble avoir créé ce même homme, que pour exercer ſur lui ſes fureurs arbitraires ; tantôt il le chérit, malgré ſes fautes ; tantôt il condamne la race humaine au malheur, pour une

  1. On nous donne la mort du fils de Dieu, comme une preuve indubitable de sa bonté ; n’est-elle pas plutôt une preuve indubitable de sa férocité, de sa vengeance implacable, de sa cruauté ? Un bon chrétien, en mourant, disoit « qu'il n’avoit jamais pu concevoir qu’un Dieu bon eût fait mourir un Dieu innocent, pour appaiser un Dieu juste ».