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que pour ſe nuire. En effet, à quoi bon s’occuper d’un monde, que la religion ne montre à ſes diſciples que comme un lieu de paſſage ? Quelle peut être l’induſtrie d’un peuple, à qui l’on répète tous les jours que ſon Dieu veut qu’il prie, qu’il s’afflige, qu’il vive dans la crainte, qu’il gémiſſe ſans ceſſe ? Comment pourroit ſubſiſter une ſociété compoſée d’hommes à qui l’on perſuade qu’il faut avoir du zele pour la religion, & que l’on doit haïr & détruire ſes ſemblables pour des opinions ? Enfin, comment peut-on attendre de l’humanité, de la juſtice, des vertus, d’une foule de fanatiques à qui l’on propoſe, pour modéle, un dieu cruel, diſſimulé, méchant, qui ſe plaît à voir couler les larmes de ſes malheureuſes créatures, qui leur tend des embuches, qui les punit pour y avoir ſuccombé, qui ordonne le vol, le crime & le carnage ?

Tels ſont pourtant les traits ſous leſquels le chriſtianiſme nous peint