Ne faut-il pas qu’un Chrétien ſoit auſſi téméraire qu’inconſéquent, lorſqu’il conſent à ſervir dans les armées ? Un homme, qui n’eſt jamais en droit de préſumer qu’il ſoit agréable à ſon Dieu, ou en état de grace, n’eſt-il pas un extravagant de s’expoſer à la damnation éternelle ? Un Chrétien, qui a de la charité pour ſon prochain, & qui doit aimer ſes ennemis, ne devient-il pas coupable du plus grand des crimes, lorſqu’il donne la mort à un homme, dont il ignore les diſpoſitions, & qu’il peut tout d’un coup précipiter dans l’enfer[1]. Un ſoldat est un monſtre dans le chriſtianiſme, à moins qu’il ne combatte pour la cauſe de Dieu. S’il meurt alors, il devient un martyr.
- ↑ Lactance dit qu’un Chrétien ne peut être, ni ſoldat, ni accuſateur. Voyez tom. I. p. 137. Les Quakers & les Mennonites ne portent point les armes ; ils ſont plus conſéquens que les autres Chrétiens.
Je n’ai point connu le négoce. Si ce principe eſt vrai, toute la rue S. Honoré eſt damnée.