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tiens parfaits, qui, en s’éloignant du monde, priverent leurs familles d’appuis, & leurs patries de citoyens, pour ſe livrer à une vie oiſeuſe & contemplative. De-là ces légions de moines & de cénobites, qui, ſous les étendarts de différens enthouſiaſtes, ſe ſont enrôlés dans une milice inutile, ou nuiſible à l’Etat. Ils crurent mériter le ciel, en enfouiſſant des talens néceſſaires à leurs concitoyens, en ſe vouant à l’inaction & au célibat. C’eſt ainſi, que dans les pays, où les Chrétiens sont le plus fidéles à leur religion, une foule d’hommes, par piété, s’obligent à demeurer toute leur vie inutiles & miſérables. Quel cœur aſſez barbare pour réfuſer des larmes au ſort de ces victimes, tirées d’un ſexe enchanteur, que la nature deſtinoit à faire le bonheur du nôtre ! Dupes infortunées de l’enthouſiaſme du jeune âge, ou forcées par les vues intéreſſées d’une famille impérieuſe, elles ſont pour tou-