Page:Holbach - Le Christianisme dévoilé, 1756.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui a lieu de se défier de sa colere, qui redoute ses caprices, ne l’aimera jamais sincérement. L’amour d’un chrétien, pour son dieu, ne pourra donc jamais être véritable ; c’est en vain qu’il voudra s’exciter à la tendresse pour un maître rigoureux, qui doit effrayer son cœur, il ne l’aimera jamais que comme un tyran, à qui la bouche rend des hommages que le cœur lui refuse. Le dévot n’est pas de bonne foi avec lui-même, quand il prétend chérir son dieu ; sa tendresse est un hommage simulé, semblable à celui que l’on se croit obligé de rendre à ces despotes inhumains, qui, même en faisant le malheur de leurs sujets, exigent des marques extérieures de leur attachement. Si quelques ames tendres, à force d’illusions, parviennent à s’exciter à l’amour divin, c’est alors une passion mystique et romanesque, produite par un tempérament échauffé, par une imagination ardente, qui fait