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Il est vrai que le christianisme promet un séjour délicieux à ceux que la divinité aura choisis pour être les objets de son amour ; mais ce lieu n’est réservé qu’à un petit nombre d’élus, qui, sans aucun mérite de leur part,

    la base de la religion judaïque. Dans les écrits de Moïse, on voit un Dieu partial pour le peuple qu’il a choisi, & injuste pour toutes les autres nations. La théologie & l’histoire des Grecs nous montrent par-tout des hommes punis par les dieux, pour des crimes nécessaires, & prédits par des oracles. Nous en avons des exemples dans Oreste, dans OEdipe, dans Ajax, &c. De tout tems, les hommes ont fait de Dieu le plus injuste de tous les êtres. Parmi nous, selon les Jansénistes, Dieu n’accorde sa grace qu’à qui lui plaît, sans avoir égard au mérite, ce qui est bien plus conforme au fatalisme judaïque, chrétien & payen, que la doctrine des Molinistes, qui prétendent que Dieu accorde sa grace à tous ceux qui la méritent, & qui la demandent. Il est certain, que des Chrétiens conséquens sont de vrais fatalistes. Ils s’en tirent, en disant, que les voies de Dieu sont des mystères ; mais, si ce sont des mystères, pourquoi en raisonnent-ils toujours ?