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ses perplexités. Un jour Mme de Maintenon la fit mander en lui annonçant que le roi désirait la voir ; elle comprit que le moment décisif était arrivé et que le sort de Brusson allait se décider. Elle partit en recommandant à Madelon de prier avec ferveur la Vierge et tous les saints.

Mlle de Scudéri fut bien surprise quand le roi, au lieu de lui parler d’Olivier, parut avoir oublié complètement cette affaire. La conversation enjouée au lieu d’être sérieuse comme elle s’y attendait, roula sur des sujets frivoles. Un moment Bontems, le valet de chambre de confiance de Louis XIV, entra et parla au roi si bas, que personne ne l’entendit, puis le valet de chambre se retira. Mlle de Scudéri tremblait de tous ses membres. Le roi se leva, s’avança vers elle et lui dit d’un air radieux :

— Je vous félicite, mademoiselle, votre protégé Olivier Brusson est libre.

Des larmes jaillirent des yeux de la vieille demoiselle ; elle voulut parler et en fut incapable ; elle voulut se jeter aux pieds du roi, mais Louis XIV la retint.

Il y eut un moment de silence, et lorsque Mlle de Scudéri parvint à trouver des paroles pour remercier le roi, celui-ci l’interrompit en disant qu’Olivier et Madelon devaient être impatients de la serrer dans leurs bras.