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j’arrivai à soupçonner le vieux coquin, quand il m’apporta, rempli d’une inquiétude manifeste, une parure que je lui avais commandée. Il voulut savoir à qui je la destinais. Il pressa de questions insidieuses mon valet de chambre et apprit de celui-ci quand et à quelle heure je devais sortir de chez moi et le chemin que je devais suivre pour porter ces bijoux à la dame à qui je voulais les offrir. Depuis longtemps j’avais la pensée que tous les crimes dont on parlait n’étaient l’œuvre que d’un seul et même meurtrier. Toutes les victimes étaient frappées de la même manière. Il était évident pour moi que l’assassin s’était exercé à ce coup qu’il leur portait et sur lequel il comptait. Pour moi, si ce coup ne lui réussissait pas la lutte devait être égale entre l’agresseur et celui qu’il surprenait à l’improviste. Ce raisonnement me conduisit à user d’une précaution si simple, que je ne conçois pas comment tant d’autres ne l’ont pas employée avant moi ; ils auraient comme moi échappé à l’assassin. Je portais une légère cotte de mailles sous mon pourpoint. Cardillac m’attaqua par derrière. Il me saisit avec une force de géant, mais le coup, bien que dirigé d’une main sûre, glissa sur l’armure. Dans le