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qui les lui dictait. Je vous vis menacée par le démon homicide. Cardillac ne voulait qu’une chose : rentrer en possession de la parure, peu lui importait le moyen d’assouvir ce désir. Je formais le projet de vous sauver. De jour en jour le péril devenait plus imminent. Je vous rencontrais sur le Pont-Neuf dans le carrosse de Mme de Montansier, je me fraye un chemin jusqu’à vous, je pus vous jeter ce billet par lequel je vous suppliais de rapporter à Cardillac la parure qu’il vous avait donnée. Mon attente fut déçue, j’étais désespéré. Le lendemain Cardillac ne fit que parler de la précieuse parure, il me dit qu’il l’avait vue en rêve toute la nuit. Je ne doutai plus de ses desseins ; il était sûr que votre perte était résolue, je jurai d’empêcher l’exécution de son plan même au prix de sa propre vie. Le soir venu et la prière dite, mon maître verrouilla la porte à grand bruit, comme il en avait coutume ; pour moi je descendis dans la cour par la fenêtre et je me glissai dans la rue par l’ouverture de la muraille. Je me dissimulai dans l’ombre. Quelques minutes après Cardillac