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et presque suppliante :

— Ah ! La Martinière, bonne dame, je sais que vous êtes seule à la maison avec votre maîtresse et que Baptiste est parti à la campagne ; mais vous pouvez m’ouvrir sans crainte. Il faut absolument que je parle à votre maîtresse à l’instant.

— Mais vous n’y pensez pas ! répartit la femme de chambre. Mademoiselle ne peut vous donner audience en pleine nuit : elle est endormie depuis longtemps et sous aucune raison je ne voudrais l’arracher au sommeil qui lui est si nécessaire à son âge.

— Je sais, répondit l’étrange visiteur, que votre maîtresse retranscrit en ce moment des vers qu’elle doit lire demain chez la marquise de Maintenon. Je vous en conjure, dame Martinière, ayez pitié de moi et ouvrez-moi la porte. Il s’agit de sauver un malheureux de la ruine ; sa liberté, son honneur, sa vie même dépendent de ces quelques instants d’entretien que je désire avoir avec votre maîtresse. Soyez persuadée qu’elle serait fort peinée si elle savait que vous avez impitoyablement refusé l’entrée de son hôtel à un désespéré qui venait implorer son aide.

— Mais, dit La Martinière, pourquoi fai-