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nouille près de lui. Peut-être, me dis-je, est-il encore temps de le sauver ? Vaine espérance, il ne donne plus aucun signe de vie. Dans ma frayeur, je n’ai pas remarqué que la maréchaussée m’a entouré.

— Encore une victime de ces démons. Eh ! jeune homme, que fais-tu là ? Serais-tu de la bande ? Allons, debout !

On m’arrête ; j’ose à peine protester de mon innocence, et, tout bas, je balbutie que je suis incapable de commettre un crime aussi odieux et que l’on n’a qu’à me laisser en paix. Un des soldats lève sa lanterne pour mieux voir mon visage, et s’écrie en riant :

— Tiens, mais, c’est Olivier Brusson, l’ouvrier bijoutier qui travaille chez notre bon maître Cardillac. Vraiment c’est bien lui qui assassinerait les gens en pleine rue ! Voyez-le donc, a-t-il l’air d’un meurtrier et de ceux qui se lamentent auprès d’un cadavre pour se laisser prendre ? Allons, jeune homme, raconte-nous vite comment tout cela s’est passé ?

— À deux pas, dis-je, un homme s’est jeté sur celui-ci, l’a terrassé, puis à mes cris s’est enfui avec la rapidité de la foudre ; je me suis approché du blessé, pour voir s’il pouvait être sauvé.

— Eh ! non, mon brave garçon, dit l’un de ceux qui avaient relevé le cadavre, il est mort et le poignard l’a frappé au cœur comme toujours.