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sauts violents. Enfin surmontant la tristesse qui s’était emparée de lui, il continua :

— Madelon venait fréquemment à l’atelier. Je vis bientôt que mon attachement pour elle avait trouvé un écho dans son cœur. Nous échangions de temps à autre un regard, un serrement de main qui échappait à l’attention de Cardillac. Je n’attendais plus que le moment d’être admis à la maîtrise pour demander la main de Madelon, et les bonnes grâces du père me faisaient espérer que ma démarche ne serait pas repoussée. Un matin, comme j’allais me mettre à la besogne, Cardillac se présenta devant moi, le regard menaçant et plein de colère :

— Sors d’ici, à l’instant même cria-t-il, je n’ai plus besoin de ton aide. Va-t’en, et que je ne te retrouve plus jamais sous mes yeux. Ne me demande pas pourquoi je te renvoie, je n’ai pas d’explications à te donner, mais sache que le fruit auquel tu aspires est trop haut pendu pour toi.

J’allais répondre quand il m’empoigna violemment et me jeta à la porte avec tant de force que j’allai heurter le pavé de ma tête et me blessai grièvement. Outré de cette conduite et souffrant de ma blessure, j’allai trouver un ami qui demeurait au bout du faubourg Saint-Martin et qui m’offrit l’hospitalité, mais je ne pus rester longtemps