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VI.


Vers minuit on frappa à la porte de Mlle de Scudéri. Baptiste averti de la visite nocturne ouvrit. Un froid glacial saisit Mlle de Scudéri lorsque des pas légers, des bruits sourds lui firent comprendre que les gardes qui avaient amené Brusson se répandaient dans les couloirs de la maison. Enfin la porte de la chambre s’ouvrit doucement. Desgrais entra, et derrière lui Olivier Brusson, débarrassé de ses chaînes et vêtu convenablement. Desgrais salua respectueusement.

— Voici Brusson, mademoiselle, dit-il, et il quitta la chambre.

Brusson tomba à genoux devant Mlle de Scudéri, leva les mains d’un geste suppliant et des larmes abondantes ruisselèrent de ses yeux.

Mlle de Scudéri était très pâle, incapable de proférer une parole. Elle fixa les yeux sur lui. Le chagrin avait profondément ravagé la physionomie du jeune ouvrier, mais il était impossible de ne pas y retrouver l’expression d’une âme droite et pure.

— Eh bien ! Brusson, demanda-t-elle, qu’avez-vous à me dire ?

Le jeune homme, toujours à genoux, poussa un soupir de désespoir.

— Oh ! bonne et vénérable demoiselle, s’écria-t-il, il n’y a donc plus dans votre cœur rien qui vous parle de moi ?