Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

situation d’Olivier, sur le caractère du jeune homme. Lorsqu’enfin la demoiselle se tut, exténuée, et essuya ses larmes, La Reynie répondit avec impassibilité :

— Je ne suis pas étonné, mademoiselle, de vous voir intercéder en faveur d’une jeune fille pleine d’attachement pour son fiancé et de vous voir croire à tout ce qu’elle vous a dit pour le disculper. C’est le propre des femmes de votre mérite d’avoir le cœur sensible et de repousser tout d’abord la supposition d’un crime. Permettez-moi de vous exposer en peu de mots le crime de ce jeune scélérat sur lequel doit retomber le sang de sa victime. Vous avez l’esprit trop élevé pour ne pas bannir de votre cœur toute commisération après ces éclaircissements. Donc le matin on trouve René Cardillac assassiné d’un coup de poignard ; il n’y a auprès de lui que son ouvrier Olivier Brusson et sa fille. Dans la chambre d’Olivier, on trouve un poignard teint de sang qui n’est pas encore figé. Ce poignard répond parfaitement à la blessure de la victime. On interroge Olivier :

— Cardillac, dit-il, a été poignardé cette nuit sous mes yeux.

— On a donc voulu le voler ?

— Je n’en sais rien.

— Vous l’accompagniez. Comment se fait-il que vous n’ayez pas arrêté l’assassin ou que vous n’ayez pas appelé au secours ?

— Le maître marchait devant moi à quinze ou vingt pas ; je le suivais.