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qu’il vénérait le bijoutier, son maître, comme il eut fait de son propre père, et elle ajouta que Cardillac l’avait choisi pour gendre, malgré sa pauvreté, parce qu’il voyait en lui non seulement un ouvrier de talent, mais un homme d’un caractère noble et loyal. Madelon racontait tout cela avec la plus profonde sincérité.

Mlle de Scudéri, très émue de ce que venait de lui raconter Madelon, et tout à fait disposée à croire à l’innocence d’Olivier, prit des informations, et tous ceux qu’elle interrogea lui confirmèrent ce que Madelon lui avait rapporté de la bonne entente entre le maître et l’ouvrier. Tout le monde s’accordait à lui dire que le jeune homme était un modèle de piété, d’activité, de probité. Personne n’eut pu citer un seul fait à sa charge. Et pourtant, chaque fois qu’il était question du meurtre, on haussait les épaules et l’on avait l’air d’admettre qu’il y avait dans toute cette affaire quelque chose d’inexplicable. Olivier, traduit devant la chambre ardente, avait, comme on le rapporta à Mlle de Scudéri, nié avec la plus grande fermeté et avec tout son sang-froid le fait dont on l’accusait. Il soutenait que son maître avait été attaqué dans la rue en sa présence et poignardé, qu’il l’avait traîné encore vivant jusqu’à son logis, où Cardillac n’avait pas tardé à expirer. Cette déclaration concordait avec le récit de Madelon. Mlle de Scudéri