Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis elle lui raconta tout au long comment elle était entrée en possession de la parure.

Lorsque Mlle de Scudéri eut cessé de parler, Cardillac s’empara de la cassette qu’elle lui tendait, s’inclina légèrement, mit un genou en terre, et dit :

— C’est à vous, noble et digne demoiselle, que le sort a destiné cette parure. Oui, je me souviens maintenant que pendant tout le temps que j’y travaillais, mes pensées se reportaient sans cesse sur vous ; c’est pour vous que je faisais ces bijoux. Ne refusez point de les accepter et de les porter ; c’est ce que j’ai fait de mieux depuis longtemps.

— Eh ! Eh ! répondit Mlle de Scudéri, avec enjouement, à quoi pensiez-vous donc, maître René ? Il ne convient pas à mon âge de me parer de ces pierres fines. Et d’où vous vient l’idée de me faire un si magnifique présent ? Allez, allez, maître René, si j’étais belle comme la marquise de Fontanges et riche comme elle, en vérité je ne laisserais pas cette parure sortir de mes mains ; mais que servirait à ces bras fanés d’avoir ces vains ornements, et que ferait ce cou ridé de ce collier étincelant ?