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qu’elle avait reçu si mystérieusement.

La marquise, en voyant ces magnifiques joyaux, ne put retenir une exclamation de surprise. Puis, après les avoir longuement admirés, elle se tourna vers Mlle de Scudéri :

— Savez-vous, mademoiselle, s’exclama-t-elle, que ces bracelets, ce collier ne peuvent sortir que des mains de René Cardillac !

René Cardillac était, à cette époque, le plus habile orfèvre et bijoutier de Paris ; il était en même temps l’un des hommes les plus inventifs et les plus bizarres de son temps. Personne n’était plus familiarisé que lui avec la nature et la valeur des pierres précieuses, personne ne savait les monter avec plus de talent, et personne n’aimait son art avec plus de passion ; il le prouvait bien, puisqu’il ne demandait, la plupart du temps, à ses clients, qu’un prix insignifiant de son travail, ou une somme si minime qu’elle n’était nullement en rapport avec la valeur réelle de l’objet. Aussi les commandes affluaient-elles chez lui, la besogne ne lui laissait point de trêve. Jour et nuit on