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que Kahumanu court partout après notre Menzies, et quand elle se croit inaperçue, elle envoie des baisers en l’appelant des plus doux noms. Je suis tout disposé à croire qu’elle l’aime en secret.

En outre, je suis très-fâché d’avoir à mander à Votre Excellence que Menzies, dont je n’attendais que de bons offices, me gêne plus qu’il ne m’aide dans mes recherches. Il ne paraît pas vouloir répondre à l’amour de Kahumanu ; au contraire, une folle passion, même condamnable, s’est emparée de lui et l’a entraîné à me jouer un tour très-abominable qui peut, si Menzies ne revient pas de son erreur, nous brouiller à tout jamais. Je regrette maintenant d’avoir prié Votre Excellence de lui permettre de suivre l’expédition à O-Wahu ; mais comment pouvais-je croire qu’un homme que j’avais éprouvé depuis tant d’années pouvait tout à coup changer de la sorte par un étrange aveuglement. Je me permettrai de donner à Votre Excellence des détails plus circonstanciés de cet événement si blessant pour moi, et si Menzies ne devait point réparer sa faute, je prierai Votre Excellence de m’accorder votre protection contre un homme qui se permet d’agir en ennemi là où il fut accueilli avec une amitié sans bornes.

Avec un profond respect…

A. Broughton.

VI
MENZIES À BROUGHTON.

Non, je ne puis le supporter plus longtemps ; tu m’évites, tu me jettes des regards dans lesquels je lis la colère et le