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alors que les contes traduits par M. Loëve-Weymar étaient dévorés par la France entière, on trouverait des rapsodies signées Hoffmann et qui sont de M. ***. Mais la puérilité, le bizarre cherché, l’homme qui se bat les flancs fantastiquement se voient dans chacune de ces lignes. La manière d’Hoffmann est une de celles qui peut le moins être imité. Aucune manière ne s’imite, celle-là moins que tout autre. Partout où il y a procédé, l’œuvre contient son poison qui la fane et l’accable. On ne manquera pas de me dire qu’Hoffmann a emprunté à Gozzi quelques-unes de ses terreurs, quelques-uns de ses malheurs ou visions qui atteignent souvent les héros de ses contes, mais c’est qu’Hoffmann avait des analogies de tempérament avec Gozzi, c’est que lui aussi ressentait également ces terreurs, ces visions, c’est qu’elles se décuplaient chez lui, et sa vie en est une preuve. Et il craignait si peu de paraître copier Gozzi, Lewis et d’autres, qu’il les cite à tout propos dans ses œuvres.

Aussi était-il permis à Hoffmann de s’emparer d’un sujet de conte, d’un type, car il le grandissait, le colorait a sa manière, le rendait sien et l’absorbait comme S[h]akespeare absorbait les nouvelles de Bandello.

Datura fastuosa démontre la manière de composer d’Hoffmann. Chamisso lui avait donné l’idée du conte ; mais l’idée mère ne suffisait pas encore au romancier qui, dépourvu de grandes connaissances en histoire naturelle, allait quêter des renseignements et des détails auprès du célèbre naturaliste Lichtenstein, professeur à Berlin. La lettre suivante explique mieux l’affaire :

« Chamisso, écrivait Hoffmann à Lichtenstein en 1818, m’a laissé en legs l’idée d’un conte que je suis justement en train de parachever. Un professeur de botanique meurt et laisse non-seulement une fort riche collection de plantes, mais de plus il a élevé dans une petite terre particulière des plantes et des arbres étrangers tout à fait rares. Dans le nombre se trouve un exemplaire dont on n’a jamais entendu dire qu’il prospérât, même en serre