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repoussèrent le malheureux général des montagnes dans l’intérieur de la place.

— C’est étrange, se disait-on ; les Russes connaissaient le projet de l’ennemi. Les feux allumés sur les montagnes de Misnie attiraient leurs troupes aux endroits où les Français pensaient les surprendre, pour leur résister et les vaincre.

Plusieurs jours se passèrent, et Dorothée ne m’apportait plus mon café. L’aubergiste, pâle de frayeur, me raconta qu’il avait vu conduire Dorothée et le fou mendiant du pont de l’Elbe avec une forte garde, de la maison du maréchal dans la ville neuve. — Ô Dieu ! dit ici l’ami d’Anselme, ils furent découverts et exécutés ?

Mais Anselme sourit singulièrement, et répondit :

— Non ; Agafia fut sauvée, et, après la capitulation, je reçus de ses mains un joli pain de noces bien blanc qu’elle avait cuit elle-mème.

Voilà tout ce que raconta Anselme de cette merveilleuse aventure. On n’en put jamais savoir davantage.



NOTES DU TRADUCTEUR

1. Hoffmann fut témoin oculaire du siège de Dresde. Cette ville, où s’était retiré le détachement du comte de Lobau, le 9 octobre 1813, avait une garnison française de vingt-cinq mille hommes, que commandait le maréchal Gouvion-Saint-Cyr. Un corps d’armée russe, aux ordres du comte de Tolstoy, la bloqua jusqu’au 44 novembre, époque à laquelle une horrible famine et le manque de secours forcèrent nos troupes à capituler.

2. Ces mots sont en français dans l’original, ainsi que tous ceux qui sont indiqué plus loin en italique.

3. L’ un des patrons de la Russie.