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ouverture pratiquée pour donner de l’air à un garde-manger, et donnant sur un cabinet noir contigu à la chambre de Marianna ; celle-ci, de son côté, ne tarda pas à s’apercevoir des chuchotements qui s’échappaient de cet endroit, et cette voie de communication fut, dès ce moment, mise à profit. Quand le vieux fait sa méridienne, les jeunes filles de jaser aussitôt à cœur-joie. Vous devez avoir remarqué que la petite Marguerite, la privilégiée de dame Catterina et la mienne, est (au contraire d’Anna, sa sœur ainée, un peu froide et indifférente) une fillette éveillée, rusée et gaillarde. Sans toutefois lui rien confier de votre amour, je l’ai instruite à se faire raconter par Marianna tout ce qui se passe au logis de Capuzzi ; elle s’acquitte de ce soin avec beaucoup d’adresse, et si j’ai ri tout-à-l’heure de votre affliction et de votre tourment, c’est que je suis à même de vous consoler et de vous prouver que vos affaires sont dans le meilleur train du monde. J’ai à vous faire part d’une masse d’excellentes nouvelles…

« Salvator ! s’écria Antonio radieux, quel doux espoir ! béni soit le garde-manger et son ouverture ! — Je vais écrire à Marianna : Marguerite se chargera de la lettre…

« Point du tout, Antonio, interrompit Salvator. Marguerite nous aidera utilement, sans devenir votre messagère d’amour officielle ; et d’ailleurs, le hasard, qui enfante à plaisir tant d’accidents bizarres, pourrait faire tomber vos fleurettes entre les mains de Capuzzi, et susciter mille nouveaux dèsagréments à la pauvre Marianna, tandis qu’elle complote en ce