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plus, muni d’une provision de drogues, j’aperçois le vieux tout habillé à la porte de sa maison ; derrière lui se tenaient debout le docteur Pyramide et le sbire enragé ; et dans je ne sais quoi de bigarré qui se démenait encore entre leurs jambes, j’ai cru reconnaître le petit monstre Pitichinaccio. Dès que le vieux m’aperçut, il me menaça de ses poings, vomit des injures et mille imprécations, et jura qu’il me ferait assommer si je reparaissais devant sa porte. — Allez-vous en à tous les diables, méchant racleur de barbes ! cria-t-il, vous pensiez m’attraper par vos supercheries et vos mensonges, démon incarné qui harcelez ma pauvre et sage Marianna, et qui rêvez de l’empêtrer dans vos filets diaboliques ; mais allez ! j’y emploierai plutôt mon dernier ducat pour vous envoyer ad patres quand vous y songerez le moins ! et quant à votre impudent patron signor Salvator le brigand, l’assassin échappé du gibet, qu’il aille rejoindre en enfer son capitaine Mas’Aniello ! je saurai bien le faire chasser de Rome sans forme de procés. —

« Ainsi tempêtait le vieux fou, et comme le damné sbire, à l’instigation du docteur Pyramide, se préparait à s’élancer sur moi ; voyant en outre le peuple qui s’attroupait déjà par curiosité, il ne me resta d’autre parti à prendre que de vider la place le plus diligemment possible. Mais je me suis gardé dans mon affreux désespoir de venir vous trouver, car je sais trop bien que vous vous seriez moqué de mes plaintes, vous qui même à cette heure pouvez à peine étouffer votre rire sardonique. »