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lui faire tout comprendre à merveille. Alors seulement elle jeta un regard furtif à l’heureux Antonio, tout en rougissant à l’excès ; et rien de plus séduisant que le sourire victorieux et plein de malice qui se fit jour à travers ses larmes.

Du reste, Salvator trouva la jeune fille encore plus jolie et plus merveilleusement belle qu’il ne l’avait imaginée, même d’après le tableau de la Madeleine, et il était presque jaloux du bonheur d’Antonio ; il n’en sentit que mieux la nécessité de tirer la pauvre Marianna, quoi qu’il pût en coûter, des mains de l’indigne Capuzzi.

Signor Pasquale, accueilli si tendrement par sa charmante nièce, bien qu’il ne le méritât guère, oublia son accident et sa jambe ; il souriait en minaudant, se pinçant les lèvres, et poussait des soupirs, non de malade, mais de berger amoureux. Antonio disposa le lit artistement, et, après y avoir couché Capuzzi, il serra de nouveau les bandages, et emmaillota pareillement la jambe gauche du vieux, obligé ainsi à rester couché immobile comme une poupée de bois. Salvator se retira laissant nos amoureux à leur bonheur.

Capuzzi était enfoui dans un amas de coussins et d’oreillers ; Antonio lui avait roulé autour de la tête une immense serviette bien imbibée d’eau, de sorte qu’il ne pouvait absolument rien entendre du chuchotement des deux amants. Ceux-ci échangèrent enfin mutuellement le secret de leurs âmes et ils se jurèrent, avec des pleurs et de doux baisers, une fidélité éternelle. Le vieux ne pouvait pas se douter