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j’arrangerai votre lit comme il doit l’être, et j’instruirai votre nièce de tout ce qu’il y a à faire pour hâter votre rétablissement. »

Le vieillard exhala un profond soupir, et garda quelques instants le silence, les yeux fermés. Puis, étendant la main vers Antonio, il l’attira tout près de lui et lui dit à voix basse : « N’est-il pas vrai, mon brave Signor, ce que vous m’avez dit de Marianna n’était qu’un badinage, une idée joviale, comme il en passe dans les jeunes têtes ?

« Mais ne songez donc plus à cela, signor Pasquale, répartit Antonio. Votre nièce, il est vrai, m’avait un peu donné dans l’œil ; mais à présent, ma foi, j’ai bien d’autres affaires en tête, et franchement, s’il faut vous l’avouer, je me félicite que vous ayez si net coupé court à mes folles sollicitations. — Je croyais être amoureux de votre Marianna, et dans le fait, ce n’était qu’un beau modèle de ma Madeleine que je voyais en elle ; c’est pour cela, sans doute, que mon tableau à peine achevé, Marianna m’est devenue complètement indifférente.

« Antonio ! s’écria le vieux avec transport ; faveur divine !… tu es ma consolation, mon soulagement, mon secours ! puisque tu n’aimes plus Marianna, je n’ai plus ni douleur, ni mal.

« En vérité, disait Salvator, signor Pasquale, si l’on ne vous savait pas un homme grave et sensé, incapable d’oublier les convenances qu’impose la maturité de l’âge, on vous supposerait vous-même égaré d’un fol amour pour votre nièce de seize ans. » — Le vieillard ferma les yeux de nouveau et recommença à