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brave Antonio pour qu’il emploie tout son art à vous secourir. — Un coup de main, ami Antonio ! »

Tous deux relevèrent avec précaution le vieillard se récriant sur l’affreuse douleur qu’il ressentait à sa jambe cassée, et le portèrent au logis de Salvator.

Dame Catterina assura qu’elle avait pressenti vaguement quelque malheur, ce qui l’avait empêchée d’aller se coucher. Dès qu’elle eut vu Capuzzi, et qu’elle sut ce qui lui était arrivé, elle éclata en reproches amers sur sa manière de vivre et d’agir. — « Oh ! je connais bien, signor Pasquale, disait-elle, celui que vous reportiez chez lui. Vous vous imaginez, bien que votre jolie nièce Marianna vive auprès de vous, pouvoir vous passer d’une domestique de son sexe, et vous abusez déshonnêtement de ce pauvre Pitichinaccio, en l’affublant ainsi de jupons ; mais entendez ceci : Ogni carne ha il suo osso, point de chair sans os. — Si vous voulez avoir une fille avec vous, il vous faut avoir des femmes : Fate il passo secondo la gamba, — réglez vos dépenses selon vos besoins. Ne demandez à votre Marianna que ce qui est convenable, ne la tenez pas renfermée comme une prisonnière, ne faites pas un cachot de votre maison : Asino punto convien che trotti, — à force de marcher l’on arrive.6 Vous avez une jolie nièce, et vous devez régler d’après cela votre manière de vivre, c’est-à-dire, vous conformer en tout à la volonté de la jolie nièce ; mais vous êtes un homme bourru, au cœur sec, et peut-être, par là-dessus, — je désire me tromper, — peut-être, avec vos cheveux blancs, amoureux et jaloux ! — Excusez-moi