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mes s’approchèrent et dégagèrent, non sans peine, signor Pasquale d’avec l’ivrogne qui, une fois remis sur ses jambes, s’éloigna en chancelant et en pestant.

« Jésus ! que vous est-il arrivé, signor Pasquale ? comment vous trouvez-vous ici au milieu de la nuit ? quelle mauvaise affaire avez-vous eue dans cette maison ? » — Telles étaient les questions empressées d’Antonio et de Salvator, car les survenants n’étaient autres que nos deux peintres.

« Ah ! c’est ma dernière heure ! disait Capuzzi en gémissant : ce chien d’enfer m’a rompu tous les membres, je ne puis plus bouger…

« Faites-moi voir…, » dit Antonio en tâtant le vieux partout le corps, et il le pinça tout d’un coup si vivement à la jambe droite, que Capuzzi jeta un cri effroyable. « Par tous les saints, s’écria Antonio d’une voix consternée, mon cher signor Pasquale ! vous vous êtes cassé la jambe gauche à l’endroit le plus dangereux ; si l’on ne vous secoure au plus vite, vous serez mort avant peu, ou vous resterez au moins estropié pour la vie. »

Capuzzi fit entendre un hurlement affreux. « Calmez-vous seulement, mon cher Signor, continua Antonio. Quoique je sois bien peintre à présent, je n’ai pas oublié l’art du chirurgien. Nous allons vous porter au logis de Salvator, et je vous panserai sur-le-champ. — Mon bon signor Antonio, gémissait Capuzzi, vous m’en voulez, je le sais… — Ah ! interrompit Salvator, il n’est plus question ici d’aucune animosité ; vous êtes en danger, et cela suffit au