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promit une meilleure provision de sucreries que de coutume ; il s’engagea même, le petit ne cessant de pleurnicher et de geindre, à lui faire tailler un petit habit d’abbate dans une vieille veste de peluche noire qu’il avait plus d’une fois convoitée d’un œil avide ; mais le nain déclara qu’il voulait, en outre, une perruque et une épée. Tout en débattant sur ce chapitre, ils arrivèrent dans la rue Bergognona, car c’est là que logeait Pitichinaccio, à quatre maisons de distance seulement de celle de Salvator.

Le vieux déposa le nain à terre avec précaution, ouvrit la porte, et tous deux grimpèrent, le petit en premier et le vieux par derrière, l’escalier tortueux et étroit qu’on ne pouvait mieux comparer qu’à l’échelle d’un poulailler ; mais à peine avaient-ils fait la moitié du trajet, qu’en haut dans le corridor s’éleva un horrible tapage, et l’on entendit la voix grossière d’un homme ivre et brutal qui, jurant par tous les diables de l’enfer, demandait le chemin pour sortir de la maudite maison. — Pitichinaccio se serra contre le mur, et supplia Capuzzi, au nom de tous les saints, de passer devant lui ; mais Capuzzi avait à peine gravi quelques marches que le chenapan tombant du haut de l’escalier, entraina comme un tourbillon Capuzzi qu’il fit rouler avec lui, la porte étant restée ouverte, jusqu’au beau milieu de la rue. Ils étaient étendus, le vieillard sur le pavé, et l’autre, comme une outre pleine, l’écrasant de son poids. — Capuzzi se mit à crier d’une voix lamentable au secours ! aussitôt deux hom-