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dégagé et assura qu’il s’estimait trop heureux de se voir mis en rapport si inopinément avec signor Pasquale Capuzzi, dont on savait apprécier, non-seulement à Rome, mais dans toute l’Italie, les connaissances profondes en peinture aussi bien qu’en musique, et il se recommanda à sa protection.

Voir Antonio feindre de le rencontrer pour la première fois et lui adresser des paroles si flatteuses, remit soudain le vieux dans son assiette. Il grimaça un petit sourire de satisfaction, releva gracieusement sa moustache d’un coup de pouce, bredouilla quelques mots sans suite, et s’adressa enfin à Salvator pour entamer la question du paiement des dix ducats, prix de l’épinette vendue.

Mon bon Signor, nous arrangerons cette misérable bagatelle tout-à-l’heure. Mais trouvez bon d’abord que je vous soumette l’ébauche de ce tableau que je viens d’esquisser et que je vous offre un verre de ce généreux vin de Syracuse. » — En parlant ainsi, Salvator disposa l’esquisse sur le chevalet, approcha un siége au vieillard, et, l’ayant fait asseoir, lui présenta une grande et superbe coupe dans laquelle pétillait le noble vin de Syracuse.

Le vieux buvait de très-grand cœur un verre de bon vin quand il n’était pas obligé d’en faire les frais. Réjoui en outre par l’espoir de toucher dix ducats pour une épinette disloquée et vermoulue, assis enfin devant un tableau supérieurement conçu, et dont il savait à merveille estimer l’originalité et le mérite transcendant, devait-il se trouver tout à fait à son aise ? Aussi il manifesta son contentement par