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« Y pensez-vous ? dit Salvator en riant, je trouve, au contraire, que votre affaire est en excellent train. Marianna vous aime, vous n’en sauriez douter, et il ne s’agit plus que de l’enlever au vieux et endiablé signor Pasquale Capuzzi ; mais pour cela, je me demande comment deux jeunes gens comme nous, entreprenants et alertes, ne parviendraient pas à leur but. — Bon courage, Antonio ! au lieu de geindre et de vous lamenter, malade d’amour, et de singer des évanouissements, il vaut mieux songer activement à la délivrance de Marianna. Vous verrez, Antonio, comme nous allons mener par le nez ce vieux fat. — Il n’est point d’extravagance qui me coûte pour des entreprises pareilles. Mais je veux aller m’enquérir incontinent de nouvelles informations sur le vieux Capuzzi et sa manière de vivre. Il ne faut pas que vous paraissiez en ceci ; demeurez chez vous, et venez seulement me voir demain de grand matin pour que nous combinions le plan de la première attaque. »

En parlant ainsi, Salvator essuya ses pinceaux, jeta un manteau sur ses épaules et courut au Corso, tandis qu’Antonio rentra chez lui, comme Salvator le lui avait prescrit, à demi consolé et un doux rayon d’espoir dans le cœur.